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cria-t elle, oui, voilà l’époux qui m’est destiné.

En disant ces mots, elle est prête à se jeter dans ses bras ; mais avant qu’il puisse la recevoir, un inconnu se précipite entre eux ; sa forme est gigantesque, son teint basané, ses yeux ardents et terribles ; sa bouche vomit des torrents de feu, et sur son front est écrit en caractères lisibles : Orgueil, luxure, inhumanité.

Antonia pousse un cri perçant. Le monstre la prend dans ses bras, et sautant avec elle sur l’autel, la tourmente de ses odieuses caresses ; elle fait de vains efforts pour se soustraire à ses embrassements. Lorenzo vole à son secours ; mais en ce moment un grand coup de tonnerre se fait entendre. L’église paraît s’écrouler, les moines prennent la fuite, les lampes s’éteignent, l’autel s’engloutit et l’on voit à sa place un gouffre d’où sortent des tourbillons de flamme et de fumée. Le monstre, en poussant un cri effroyable, s’y plonge et cherche à entraîner la jeune fille avec lui ; mais, animée d’une vertu surnaturelle, elle se dégage de ses bras, lui laissant sa robe nuptiale. Un nuage brillant paraît et l’enlève, tandis que, les bras étendus vers Lorenzo, elle lui crie : Nous nous reverrons, ami, dans un autre séjour. L’église retentit