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— Cela est possible ; vous ne pouvez cependant songer à l’épouser.

— Et pourquoi donc, mon cher comte ? Je suis riche assez pour elle et pour moi, et vous savez que, sur cet article, mon oncle a une façon de penser fort au-dessus du vulgaire. D’après ce que j’ai vu de Raymond de Las Cisternas, je suis bien assuré qu’il s’empressera de reconnaître Antonia pour sa nièce ; sa naissance ne pourra donc être un obstacle à l’accomplissement de mes vœux. Je pourrai sans inconvenance lui faire ouvertement l’offre de ma main. Chercher à l’obtenir à d’autres conditions, c’est ce que je suis incapable de faire. J’avoue que je vois en elle tout ce qui peut me rendre heureux dans la possession d’une femme. Elle est jeune, douce, aimable, sensible, et je suis bien assuré qu’elle a de l’esprit.

— Comment le savez-vous ? elle ne dit point autre chose que oui et non.

— Il est vrai, mais vous avouerez qu’elle dit toujours oui et non fort à propos. D’ailleurs, mon ami, ne voyez-vous pas que tout parle en elle, ses yeux, son embarras, sa modestie, sa candeur…

— Oh ! oui, je n’y songeais pas. Je vois que vous avez raison. Voulez-vous que nous vous don-