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voix m’a inspiré tant d’intérêt, tant d’estime, je pourrais même dire d’affection, que je suis moi-même étonnée de la vivacité de mes sentiments.

— Vous êtes jeune, reprit Lorenzo en souriant ; il est naturel que votre cœur sente vivement ses premières impressions ; que, simple et sans artifice comme vous paraissez l’être, vous ne soupçonniez point les autres de dissimulation, et que, ne voyant le monde qu’à travers le prisme de votre innocence, tout ce qui vous environne vous paraisse digne de votre estime ; mais il faut vous attendre à voir se dissiper ces séduisantes illusions, à découvrir dans ceux qui excitent le plus votre admiration des sentiments quelquefois avilissants, à trouver même des ennemis dans ceux qui vous montrent le plus de bienveillance.

— Hélas ! monsieur, répondit Antonia, les infortunes de mes parents ne me fournissent que trop d’exemples de perfidie et de fausseté ; cependant, je ne puis croire que le courant de sympathie qui me porte involontairement vers ce religieux doive m’inspirer des craintes pour l’avenir.

— Je ne le crois pas plus que vous. Le père Ambrosio jouit d’une excellente réputation. Un homme, d’ailleurs, qui a passé toute sa vie entre les