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— Un grossier, un homme sans discernement ! Et croiriez-vous, monsieur, qu’il eut l’insolence de me dire, lorsque je m’efforçais de l’apaiser : Retirez-vous, sorcière, je voudrais pour punir le comte que votre sœur vous ressemblât.

— Voilà un propos fort ridicule, s’écria don Christoval. Je ne doute pas que le comte, au contraire, n’eût été fort aise d’échanger, s’il eût été possible, une sœur pour l’autre.

— Ah ! monsieur, vous êtes réellement trop poli. Cependant, je ne suis pas fâchée, d’après l’événement, qu’il ait donné la préférence à ma sœur. La pauvre Elvire n’a pas eu fort à se féliciter de cette union. Après treize mortelles années de séjour en Amérique, son mari mourut ; elle revint en Espagne, sans argent, sans ressource, sans asile où elle put reposer sa tête. Antonia, que vous voyez, était le seul enfant qui lui restât. Son beau-père, toujours irrité contre le comte, s’était remarié pendant leur absence ; il avait eu de sa seconde femme un fils, qu’on dit être aujourd’hui un fort aimable jeune homme. Le vieux marquis refusa de voir ma sœur à son retour ; cependant il lui assigna une modique pension, moyennant qu’elle allât vivre avec son enfant à Murcie, dans