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était légère et flexible comme celle d’une nymphe des bois ; son sein était soigneusement voilé. Elle portait à son bras un chapelet à gros grains. Sa robe blanche, qu’ornait une ceinture bleue, laissait voir un pied mignon dont un soulier mordoré dessinait agréablement la forme. Telle était la femme à laquelle le plus jeune des deux s’empressa d’offrir sa chaise, exemple que l’autre fut obligé d’imiter envers la dame aux yeux louches.

Celle-ci accepta l’offre avec de grandes démonstrations de reconnaissance, mais sans se faire prier. La jeune l’accepta également, mais sans autre compliment qu’une révérence. Don Lorenzo (tel était le nom du jeune homme) se procura une autre chaise et se plaça près d’elle ; mais ce ne fut qu’après avoir dit à l’oreille quelques paroles à son ami, qui, entendant à demi-mot, se plaça de son côté près de la vieille dame et entra avec elle en grande conversation.

— Vous êtes sans doute, mademoiselle, arrivée depuis peu de temps à Madrid, dit Lorenzo à sa belle voisine ; tant de charmes y auraient déjà fait du bruit, si ce n’était pas aujourd’hui votre première apparition ; la jalousie des femmes et les hommages des personnes de mon sexe auraient déjà attiré sur vous l’attention générale.