Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 120 —


son voile pour mieux distinguer le monde qui l’environnait. Voyant que cette dame avait les cheveux roux et les yeux louches, les deux jeunes gens reprirent leur première attitude et continuèrent leur conversation.

— Retournons au logis, ma chère tante, je vous en prie, dit l’autre ; la chaleur est insupportable ; il y a tant de monde ici que cela fait peur.

La voix de celle qui prononça ces mots était remarquable par son extrême douceur. Les deux jeunes gens tournèrent la tête de nouveau ; mais ils ne se contentèrent pas cette fois de jeter un coup-d’œil ; tous deux firent involontairement un mouvement de surprise en apercevant celle qui venait de parler.

Cette voix était celle d’une femme qui paraissait jeune, et dont tout l’ensemble était bien propre à faire désirer de voir son visage. Malheureusement, le voile noir dont il était couvert n’était point transparent, mais la foule l’avait un peu dérangé, en sorte qu’il était possible d’apercevoir un cou qui ne le cédait point en beauté à celui de la Vénus de Médicis. Blanc comme la neige, il était ombragé par une forêt de cheveux châtains qui descendait en boucles jusqu’à sa ceinture. Sa taille