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plus aucun égard pour lui, de lui retirer toute votre tendresse et de le traiter avec rigueur. C’est un homme qui, sous le voile de l’hypocrisie, ne cherche que votre porte, et dont l’âme est si noire qu’il s’est accusé en confession d’avoir voulu vous empoisonner. J’ai eu toutes les peines imaginables pour le détourner de ce crime horrible. Vous devez vous tenir sur vos gardes, de crainte qu’un jour il ne l’exécute.

Cette femme, d’ailleurs courroucée contre son mari, entra dans une colère affreuse, prononça mille invectives contre son mari, et dit qu’il n’y avait rien qu’elle ne fit pour tirer vengeance de son infamie. J’aurais tort, dit le capucin, de combattre votre ressentiment ; je le trouve si juste que je prêterai volontiers mon appui à votre vengeance ; car, continua-t-il, est-il rien de plus condamnable, de plus infâme, que sa conduite envers vous, envers une femme belle, bien faite, douce et douée des plus rares qualités ? Combien y en a-t-il dont la vertu succomberait et qui chercheraient, sans être blâmables, dans une vengeance douce la punition de ses fautes ? Oui, madame, je connais mille femmes qui n’auraient pas eu tant de retenue, et qui le traiteraient suivant ce que