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infidélité passagère à un amant ; mais lorsque vous revîntes, mon cœur vola vers vous ; vous le repoussâtes pour nourrir les projets de la plus cruelle vengeance. Soyez donc satisfait ; elle est remplie, et Joséphine expire victime de vos fureurs. Je ne serai plus, comme je vous l’ai déjà dit au commencement de cette lettre, qu’une image insensible quand vous la recevrez ; mais ce n’est pas sans un sentiment de reconnaissance pour vous que je quitte la vie ; vous m’avez créé une âme, vous m’avez appris à penser, à exprimer mes idées ; c’est donc à vous d’approcher sans trouble de ce moment si redouté de la brute insensible et si désiré par l’âme du sage, comme le seul port contre les orages des passions ; je vais dormir paisiblement dans le sein de Dieu. Je l’ai offensé, mais il a permis que je fusse punie par celui que j’avais osé mettre à sa place. J’ai supporté avec courage et résignation les maux qui m’ont accablée ; il m’a donné des marques de ma réconciliation avec lui, en m’envoyant dans ma prison un ange consolateur qui recevra le dernier souffle de ma vie. C’est un ami trop cher et trop cruel qui vous remettra cette lettre ; elle vous recommandera l’enfant qui n’osera jamais vous nommer