Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 81 —


qui était bien ou mal, et je m’abandonnai au délire de mon imagination, qui vous cherchait dans tous les êtres que je rencontrais, sans savoir que c’était vous que j’aimais ; rappelez-vous, lorsque je vous revis, après un mariage qui était encore le fruit de vos criminelles intrigues, avec quelle tendre et sincère amitié j’écoutai vos perfides conseils, avec quel art vous fîtes servir les sentiments de la nature à vos coupables projets ; et rendez-moi la justice si, pendant les quatre ans que vous passâtes à Paris, j’eus une pensée qui ne fût pas pour vous. Avec quelle tendresse je reçus votre sœur ! Et vous n’avez pas oublié la profonde douleur que j’éprouvai lors de votre départ ; si vous avez douté de sa sincérité, pensez que c’est à mon heure suprême que je vous le rappelle, et que je ne dissimule point le tort que j’eus de croire que dans votre absence je pouvais recevoir les hommages d’un homme qui ne m’a que trop appris, par son dédain, qu’il ne méritait pas l’amitié que j’avais pour lui ; car, pour l’amour, je n’en ai jamais eu que pour vous.

Vous aviez anéanti en moi tout principe, et en me laissant croire qu’on pouvait sans crime tromper un mari, je croyais que je pourrais faire une