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je m’en rapporte au révérend père, c’est lui qui fixera le jour. — Nous sommes, reprit Durolet, aujourd’hui samedi, on peut se marier lundi. Je me charge de toutes les dispenses ; et pour éviter tout embarras de noce qui entraîne des frais inutiles, afin qu’on ne sache rien dans le voisinage, on pourrait passer le contrat chez M. Fontaine. — Chez moi ! dit d’un air étonné l’ami du capucin. — Non pas chez vous, chez l’autre. — Eh ! oui, oui, c’est que nos noms se ressemblent : Fontaine et Fontaine… mais, comme on dit, il y a bien des ânes à la foire qui s’appellent Martin ; et il se remit encore à rire. Le capucin rit aussi ; et la prude ne put s’empêcher de tirer les coins de sa bouche. On convint que le notaire serait averti pour le soir même ; que le dimanche on publierait un seul ban ; et que, dès le lundi, à six heures du matin, la petite Moreau serait réellement madame Fontaine.

Sa mère, qui n’avait pas vu son tendre ami depuis huit jours un seul instant (car il ne quittait pas Fontaine plus que son ombre), aurait bien voulu qu’on lui accordât un moment ; mais il trouva moyen de lui dire, pendant que Fontaine inventoriait les meubles de la mère de sa future, et que surtout il était en extase devant un buffet d’ar-

  AMOURS. TOME 2.
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