D’ailleurs, quelle différence de vivre dans une société
bourgeoise ou dans celle où Fontaine l’avait
lancée ; et puis, elle était si jolie… Il faut en convenir,
se disait-il à lui-même, c’est encore trop
bon pour un capucin. Mais il fallait la marier, et
assez promptement pour que Fontaine ne pût
rien savoir de sa prétendue. Il amena donc son
confiant ami dès le lendemain à madame Moreau,
qu’il en avait fait prévenir par un billet que
M. Fontaine avait remis à sa porte. Elle reçut très
bien ce mari qui se chargeait avec tant de bonhomie
de cette vierge folle. Il demanda s’il ne pouvait
pas avoir l’honneur de la voir. La mère répondit
qu’elle était sortie avec madame Fontaine.
— Mais savez-vous, mon ami, répondit le bon père,
qui s’aperçut que Fontaine avait l’air tout chagrin,
le moyen de voir cette belle personne tant
que vous voudrez ? c’est de supplier madame de
tous la donner très-promptement en mariage. —
Ah ! que cela ne se peut-il être demain ! — Demain,
monsieur, vous êtes bien pressé, dit madame Moreau
en minaudant, et comme si elle ne l’eût pas
été au moins autant que lui. — Voilà, madame,
comme je suis quand une fois je suis amoureux.
— Eh bien, monsieur, puisque vous êtes si épris,
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