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il faudra rester imbécile toute la vie ? — Voulez-vous que je vous parle de l’intérêt que votre beauté et votre inexpérience m’inspirent ? Je crois que vous ne devez pas être fâchée dans la position où vous êtes de rencontrer un homme qui n’ait pas beaucoup d’esprit ; il vous sera plus aisé de cacher certaines choses qu’il est essentiel qu’un mari ignore ; et si vous voulez m’en croire, vous prendrez celui-là plutôt qu’un autre ; d’ailleurs, il faut ou vous marier, ou vous faire religieuse. — Oh ! j’aime mieux me marier ; mais vous ne pouvez pas m’empêcher de dire que j’aimerais mieux être la femme de votre fils, quoiqu’il me maltraitât quand il était dans ses accès de jalousie ; mais il m’en dédommageait si bien… — Il faut l’oublier, mon enfant ; vous en avez bien oublié un autre. Votre mari effacera dans votre cœur un mauvais sujet… — Non, monsieur, je sens qu’il n’y aurait que mon premier amant qui me consolât du second ; mais j’épouserai ce monsieur, puisqu’il n’y a que ce moyen pour ne pas aller au couvent.

Durolet n’avait pu revoir sa maîtresse sans la plus vive émotion. Il l’avait trouvée singulièrement embellie et l’air beaucoup moins gauche ; il ne désespéra pas d’en faire une femme passable.