à l’envi, de sorte que j’étais obligé d’aller me décharger
de temps en temps du vin, du pain, de la
viande, etc., que l’on m’avait donnés. Comme nous
avions des femmes dévotes dans notre ordre, répandues
dans presque tous les quartiers, c’était
chez elles que je faisais mes dépôts. Le frère Félix
ne se donnait la peine que deux fois par an d’aller
rendre visite aux personnes qui nous donnaient
les vivres. C’est alors qu’il composait son
visage pour avoir l’air de paraître changé et
défait. Il n’était jamais entré en conversation
avec un de nos bienfaiteurs, et nous faisait une
peinture de l’extrémité où la communauté se
trouvait réduite, mais une peinture si touchante,
qu’il accompagnait de larmes, si bien qu’il y a
peu de personnes qui ne se laissassent toucher,
et consentaient à être inscrites sur la liste des
bienfaiteurs du couvent, afin de participer aux
prières continuelles qu’il disait qu’on ferait pour
leur prospérité.
Il connaissait tous les commissaires de Paris et savait gagner leurs bonnes grâces pour qu’ils donnassent à notre couvent les confiscations de pain et de viande qui se font si fréquemment dans Paris.