que je ne supporterais pas les reproches peu mérités
qu’elle me ferait peut-être ; j’ai besoin de me
distraire des idées chagrinantes que cette malheureuse
aventure m’a données pour mon propre
compte ; ainsi je vais partir à l’instant pour me
rendre dans ma famille, qui me presse depuis
longtemps de l’aller voir, bien décidée à ne plus
me mêler des affaires qui ne me regardent pas. —
Mais d’après cette résolution, que je trouve très-sage,
je devrais aussi refuser d’apprendre à madame
Moreau l’enlèvement de sa fille, qui me regarde
encore moins. — C’est bien différent, mon
père ; votre état vous oblige à être le consolateur
des affligés ; et on ne peut jamais trouver mauvais
que vous vous employez comme médiateur dans les
familles ; vous ferez ce que vous voudrez ; mais ce
qu’il y a de certain, c’est que je ne reverrai point
madame Moreau, et qu’alors elle n’apprendra l’évasion
de la petite personne que lorsqu’il n’y aura
plus moyen de réparer la faute qu’elle a faite, au
lieu qu’en s’entendant avec madame Fontaine, qui
est la meilleure femme du monde, un mariage
peut encore tout raccommoder, surtout que Fontaine
sait bien ce qui en est, et que la fortune de
mademoiselle Moreau le fera passer sur l’irrégu-
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