l’éloignant de Madrid. Séraphin fit l’impossible
pour avancer un jour qui devait le combler de
bonheur ; mais le père Durolet fut inflexible et
prétendit que l’on ne pouvait rien exiger de lui
avant le huitième moment que l’amour lui donnait ;
que ce n’était pas sa faute si Séraphin partait
deux jours avant, que c’était partie remise à
son retour. Il fallut en passer par là. Avec quelle
volupté Durolet vit-il naître le huitième jour qui
devait être pour lui si cruel. Il lui sembla que ce
n’était que de cet instant qu’il était vraiment possesseur
de Joséphine, qui le comblait tour à tour
de témoignages d’amour comme son amant et de
marques d’amitié comme son beau-frère. Tout
allait le mieux du monde, jusqu’au moment où la
pauvre petite éprouva des malaises qui l’inquiétèrent.
Elle en parla à son ami, qui ne put lui dissimuler
qu’elle serait bientôt mère ; alors elle
éclata en reproches et dit qu’elle voulait absolument
en instruire son frère. — Il le saura, j’en
jure par ce qu’il y a de plus sacré. — Mais ne lui en
parlez pas, je vous en supplie, il est si rigide ; ses
mœurs sont si pures qu’il ne serait pas peut-être
maître de ne pas vous faire envisager la grandeur
de notre faute d’une manière terrible. Peut-être,
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