cet effroi ? viens, réparons des moments perdus. —
Ciel ! qu’est-ce que j’entends ? s’écria mademoiselle
Burlet, qui vous a mis là, homme ou diable ? —
Mais c’est toi, petite friponne. — Moi ? ah ! vous
osez dire. Ma sœur, ma sœur, mais réveillez-vous
donc, ma sœur. — Mais non, Nicette, laissez-la
dormir. Mon oncle dort aussi, chacun s’arrange
comme il peut ; mais pense que moi je n’ai que
vingt-quatre ans, et que mon oncle en a cinquante.
Viens, chère amie, profite du moment des
plaisirs que ma jeunesse peut t’offrir. En disant
cela, il attirait la dévote doucement à lui. Celle-ci
ne cessait de crier à tue-tête : ma sœur, ma
sœur ; et on peut dire que c’était son bon ange
qui lui donnait la force de crier, car elle se sentait
si émue de crainte, de plaisir, qu’elle aurait
volontiers gardé le silence. Cependant, elle criait
toujours plus fort : ma sœur, ma sœur, de sorte
qu’enfin le prieur se réveilla. — Que diable fais-tu
donc à Nicette, s’écria-t-il avec une voix de tonnerre,
pour qu’elle appelle sa sœur ? — Jésus, Maria !
dit en tremblant mademoiselle Burlet, ils sont
deux, peut-être trois ; je suis perdue. — Mais non,
tu ne l’es pas, ma petite, puisque je te tiens dans
mes bras. Tu as donc fait un mauvais rêve ? — Ah
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