ses frères furent tués à la bataille de Coutras ; un
troisième se noya dans le Tara. Ces événements
déterminèrent le père Ange à quitter le froc pour
prendre le casque. De capucin qu’il était, il redevint
militaire, fit la guerre au roi Henri IV, et
lorsque ce roi fut monté sur le trône, il lui vendit
bassement sa soumission au prix d’un titre de maréchal
de France. Il était souvent l’objet des plaisanteries
de ce prince, d’humeur caustique. Un
jour que le duc de Joyeuse, placé avec le roi sur
le balcon du Louvre, attirait les regards de quelques
gens du peuple, le prince lui dit : Mon cousin,
vous ignorez sans doute le motif de la surprise
de ces bonnes gens, c’est de voir ensemble
un renégat et un apostat. Ces paroles firent un
puissant effet sur l’esprit mobile de ce seigneur ;
il se retira brusquement aux capucins et redevint
père Ange. C’est de lui que Voltaire dit dans la
Henriade :
Vicieux, vaniteux, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.
Auprès de la tombe de cet homme inconstant était celle du terrible frère Joseph, qui fut peut-être le plus intrigant, le plus audacieux des moi-