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embarras où je me trouvais pour avoir trop écouté Martin ; que le père lui avait envoyé une petite fiole de cette liqueur dont je devais user : que la mère en recevant le présent avait paru être transportée de joie et qu’il avait trouvé une seconde lettre par laquelle elle marquait à son vieil amant que la liqueur avait fait des merveilles, et qu’elle était prête à recommencer. — Ah ! mon cher ami, dis-je à Martin, apporte-moi dès demain cette liqueur, tu me tireras de toutes mes peines, et portant mes vues plus loin je crus, que par le moyen de ces lettres, je pourrais servir ma vengeance et ma haine contre la mère Sophie ; je les demandai à Martin, qui, ne sentant pas combien cette imprudence nous coûterait cher, crut me marquer son amour en me les apportant le lendemain avec ce qu’il m’avait promis.

J’avais fait la réflexion que la lumière pourrait me trahir, si on l’apercevait dans ma chambre à pareille heure. Je modérai l’impatience où j’étais de lire les lettres de la mère ; j’attendis que le jour parut ; il vint ; je lus ; elles étaient écrites d’un style passionné, et aussi peu mesuré que la figure et les manières de celle qui les avait écrites l’étaient beaucoup ; elle y peignait sa fureur amou-