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sionnaires et tâchait de me découvrir. Je ne voulais pas qu’il me reconnût ; j’avais soin de me cacher, mais j’aurais été fâchée qu’il n’eût pas pris cette peine inutile ; il faut l’avouer, j’en étais amoureuse à la rage. Je lui avais promis de revenir à minuit dans l’église, et j’attendais avec impatience que la nuit fût venue pour tenir la parole que je lui avais donnée.

Elle vint enfin cette nuit si ardemment souhaitée ; minuit sonna. Ah ! que je sentis alors de trouble ; je ne traversai le corridor qu’en tremblant, et quoique tout le monde fût enfoncé dans le sommeil, je croyais tous les yeux ouverts sur moi. Je n’avais pour me conduire d’autre lumière que celle de l’amour. Ah ! disais-je en marchant à tâtons dans l’obscurité, si Martin m’avait manqué de parole, j’en mourrais de douleur. Il était au rendez-vous, mon cher Martin, aussi amoureux, aussi impatient que j’avais été ponctuelle. J’étais vêtue fort légèrement ; il faisait chaud, et je m’étais aperçue la veille que les jupes, les corsets, les mouchoirs de gorge, tout cela était embarrassant. Sitôt que je sentis la porte ouverte, un tressaillement de joie me coupa la parole ; je ne la recouvrai que pour appeler mon cher Martin à voix