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corps, les baisait ; l’excès du plaisir m’éveilla. J’étais réellement dans les bras d’un homme ; encore tout occupée des délices de mon songe, je crus que mon bonheur changeait l’illusion en réalité ; je crus être avec mon amant ; ce n’était pas lui. On me tenait étroitement embrassée par derrière. Au moment où j’ouvris les yeux, je les fermai de plaisir, et je n’eus pas la force de regarder celui qui me le donnait. Il soupirait, je soupirais aussi ; il s’abandonna bientôt entièrement au plaisir, il était comme mort ; je me sentis en même temps enivrée de délices si grandes que je tombai sans mouvement sur mon prie-dieu.

Hélas ! ce plaisir finit trop tôt. Je fus saisie de frayeur en pensant que j’étais seule dans le fond d’une église ; avec qui ? je ne le savais pas, je n’osais m’en éclaircir, je n’osais remuer ; je fermais les yeux, je tremblais ; mon tremblement redoubla encore quand je sentis qu’on pressait ma main et qu’on la baisait ; le saisissement m’empêcha de la retirer ; je n’en avais pas la hardiesse ; mais je me rassurai un peu en entendant dire à mes oreilles, d’une voix basse : Ne craignez rien, c’est moi. Cette voix, que je me souvenais confusément d’avoir entendue, me rassura, et j’eus la