Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 86 —


avais jamais tant dit, encore ne sut-il pas tout, car je ne crois pas que Dieu puisse faire grand crime à une pauvre fille de chercher à se soulager quand elle est pressée ; elle ne s’est pas faite elle-même ; est-ce sa faute si elle a des désirs, si elle est amoureuse ? Est-ce sa faute si elle n’a pas un mari pour la contenter ? Elle cherche à apaiser les désirs qui la dévorent, le feu qui la brûle ; elle se sert des moyens que la nature lui donne, rien de moins criminel.

Malgré les petits mystères que j’avais faits au père Jérôme, je ne laissais pas d’être pénétrée. Était-ce repentir ? Non, la véritable cause était le refus que le père avait fait de me donner l’absolution. Je craignais qu’il ne fournît une nouvelle matière à la médisance. J’en étais touchée jusqu’aux larmes. Je craignais qu’en allant offrir ma confession aux yeux de mes ennemies, je ne leur donnasse un nouveau sujet de triomphe. J’allai me placer sur un prie-dieu, vis-à-vis de l’autel ; mes pleurs m’assoupirent, je m’endormis. J’eus pendant mon sommeil le rêve le plus charmant : je songeais que j’étais avec Verland, qu’il me pressait ; je me prêtais à tous les mouvements ; il portait ses mains sur toutes les parties de mon