Page:Amiel - Les Étrangères, 1876.djvu/161

Cette page n’a pas encore été corrigée

I48 RHYTHMES CONNUS. Et moi que la douleur pénètre, Pâle et faible et souffrant, je viens à ma fenêtre Saluer la nature éternelle et sans coeur. Puissance qu’on croit bonne et protectrice et tendre, Tu m’as dit : « Pas d’espoir! je neveux rien entendre,, « Rien ne fera briller tes yeux que la douleur!» Ainsi ce jour fut beau. Dans le sommeil il plonge

  Ton coeur, qu’il a vu palpitant, 
  Et tu revois sans doute en songe 

Tous ces adorateurs qui plurent : ils sont tant. Pour moi, nulle pensée, oh ! je le sais, pas une ! Et j’éclate en transports, en sanglots, en cris sourds, Me roulant sur le sol... ne le dis pas, ô lune! Combien me faudra-t-il en vivre, de ces jours

   Affreux, quand on est encor jeune? 

Et j’entends, sur le tard, chanter en son chemin L’artisan qui, sorti pour une fois du jeûne,

  Et sans souci du lendemain, 
  Regagne son humble demeure. 
  Je suis seul à compter minuit. 

O misère! ici-bas, tout nous quitte et s’enfuit; Et rien ne survit, rien. Au jour de fête, à l’heure