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Ici, de toute joie
On n’a que la moitié ;
Le cœur léger s’y noie ;
Cette chétive proie,
Tu la prends en pitié.

Tu sens que la lumière
Est plus que les couleurs ;
Qu’elles sont sa poussière,
De toi vivant, ô mère,
Et mourant, si tu meurs ;

Que du lion la pose
Dit tout, tandis qu’un bond
N’exprime qu’une chose ;
Tu sens que, s’il repose,
Le sublime est sans fond.

Et tu restes sereine ;
C’est pourquoi tu me plais ;
Et ton beau front de reine
Se couronne, ô sirène,
D’une aurore de paix.