— Enfant, si tout ton jour le vent tient d’orient,
Ton ciel peut rester sans nuage.
— Moi seul, penseur, je reste en mon œuvre et mes vœux
Entier ; toi tu varies !
— Non, poète, pardon, mais l’entier que je veux
Et le tien font deux vies.
Miel du jardin céleste est l’art, mais de seul miel
Seule abeille s’enivre.
Je suis homme, à mon âme il faut, avec le ciel,
La terre aussi pour vivre.
— Je ne dois rien ! — Ami, sonde ton cœur, prends garde,
Cherche ta dette et paie avant la fin du jour :
Loisir, bien-être, espoir, sont à toi, mais regarde,
Le Bonheur n’est qu’un prêt, sa rançon c’est l’Amour.
— Debout là, sur mon seuil, hôte mystérieux,
Visible à mes yeux seuls, que veux-tu donc me dire ?
Pourquoi ce double front dont l’un est sérieux
Et dont l’autre semble sourire ? —
Du fantôme une voix alors parut venir,
Grave et douce pourtant comme une voix de femme :
— Ce front est le Passé, cet autre est l’Avenir ;
Adieu, vieillard, je suis ton Âme.
Toutes les âmes, comme les planètes d’un sys-