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117 son indépendance fût une quantité mobile et crois- sante entre zéro et l’infini, sans être jamais com- plète et jamais nulle, la monade ne pouvant être absolument passive ni entièrement libre.

juin 1871. — Le socialisme international 

des ouvriers, à peine écrasé à Paris, célèbre sa prochaine victoire. Pour lui, il n’y a ni patrie, ni souvenirs, ni propriété, ni religion ; il n’y a rien ni personne que lui. Son dogme est l’égalitarisme, son prophète est Mably, et Babeuf est son dieu. Comment résoudre le conflit, puisqu’il n’y a plus un seul principe commun entre les partisans et les adversaires de la société actuelle, entre le libéra- lisme et l’égalitarisme ? La notion de l’homme, du devoir, du bonheur, c’est-à-dire de la vie et de son but est tout autre. Je soupçonne même que le com- munalisme international n’est que le maréchal-dcs- logis du nihilisme russe, qui sera le tombeau com- mun des vieilles races et des races serviles, des Latins et des Slaves ; c’est dans ce cas le brutal individualisme à l’américaine qui sera le salut de l’humanité. Mais je crois que les peuples vont plu- tôt à leur châtiment qu’à la sagesse. La sagesse, étant un équilibre, ne se rencontre que dans les in- dividus. La démocratie, faisant dominer les masses,