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Les Agapes de Berne.

Drapeaux en tête, haut l’épée, et les tambours
Ne rendant sous l’appel que des roulements sourds, —
Cinq mille combattants sur le grand pont de Berne.
Parmi les rangs épais des vaillants, on discerne
Ceux de l’Aar, de la Thur, les Zuricois nombreux,
Ceux de Sargans, venus des confins de Rhétie,
Les uns portant le glenn, massue au feu durcie,
L’arquebuse à forquin, l’espadon flexueux,
D’autres la hallebarde à croc, d’autres la pique.
À cheval, les trois chefs du bataillon épique
Jean Waldmann, Hohensax et Breitenlandenberg
Défilent. Dans la nuit se replonge et se perd
Après qu’elle a passé, chaque bande héroïque ;
Mais d’acclamations un immense concert,
La voix d’une cité qui bénit et salue,
L’accompagne et la suit profondément émue.
Un même sentiment brille aux yeux attendris.
Quand tous ils sont entrés, et que de cette vue
Berne a rassasié son cœur, vers les amis,
Pour leur donner des soins, la foule est accourue.
La ville s’illumine. En hâte, à son foyer,
Chaque habitant, alors, entraîne son guerrier,