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Les Agapes de Berne.



Mais que se passe-t-il ? et quel soudain silence
Interrompt brusquement la cloche du beffroi ?
La vie est suspendue en tous : est-ce l’effroi
Qui va grandir ? ou bien serait-ce l’espérance ?
Au sommet de la tour qui veille dans la nuit,
Tout-à-coup, de clairons éclate une fanfare,
Secouant dans les airs l’allégresse.

Secouant dans les airs l’allégresse.À ce bruit,
Femmes, enfants, aïeuls se lèvent. Tout s’effare,
Et dehors, pour savoir, se précipite et court.
Vers le pont de Nydeck, sur l’Aar, par le plus court,
De tumulte emplissant le couloir des arcades,
La foule par instinct s’élance.

La foule par instinct s’élance.Ce sont eux !
Les bons Confédérés, les braves camarades,
Les amis de là-bas, les sauveurs ! Tout boueux,
Les voilà ruisselants, harassés, mais superbes.
Vingt torches sur le pont flambent. Dans la lueur,
Passent, — la mine fière et couverts de sueur,
Hommes d’armes bronzés, jeunes guerriers imberbes,