heures, nous n’avions point emporté de vivres avec nous. Vers le soir, un bon repas nous fut servi dans les maisons qui avoisinaient le rivage. Le pasteur de l’endroit, entre autres, vint nous voir et pourvut libéralement à nos besoins. On nous donna des charrettes pour porter nos effets et aussi les passagers malades ou blessés jusqu’à Portree, dont nous étions éloignés de 24 milles. Sous la conduite d’un guide, nous partîmes à quatre heures de l’après-midi, sans nous occuper de la fatigue qui nous accablait. Il nous fallait marcher à travers les champs, les vallées, les marais et escalader les montagnes. La pluie nous surprit en chemin, et eut bientôt pénétré à travers nos habits. Nous hâtâmes notre course au milieu de la plus profonde obscurité. De jolis bosquets d’arbres, de belles maisons de campagne annonçaient les approches d’une ville. À minuit nous étions à l’hôtel, harassés de fatigue, et heureux de goûter un paisible sommeil, après avoir remercié le Seigneur de sa merveilleuse protection. Le lendemain, qui était un dimanche, nous reçûmes plusieurs visites, et nous fûmes l’objet de mille délicates attentions, et de nombreuses questions nous furent faites sur les circonstances relatives à notre naufrage. Déjà plusieurs rumeurs défavorables couraient sur le compte
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