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qu’il connaissait fort bien, afin d’y passer la nuit. La nuit nous surprit avant que nous pûmes mettre ce dessein à exécution. Nous étions au milieu des écueils : d’épaisses ténèbres nous entouraient et la pluie tombait par torrents. Toutefois, grâce au sang-froid du capitaine et à l’adresse des matelots, nous pûmes braver le danger. Il était très difficile de diriger le bateau, et parfois, nous étions tellement près des rochers que nous pouvions les toucher de la main. Je crus un moment à un nouveau naufrage. Plusieurs des matelots de notre vaisseau naufragé me dirent plus tard qu’ils avaient eu plus peur que sur l’Annie Jane. Enfin, grâce à Dieu, nous sortîmes de cette impasse pour nous diriger vers l’île de North Uist. Le temps devenant plus favorable, nous mîmes le cap sur l’île de Skye. Le lendemain matin, nous jetâmes l’ancre ; nous nous sentîmes enfin en sûreté, et nous allâmes nous reposer. Vaine tentative ! la faim, la fatigue, l’irritation de nos nerfs rendirent tout sommeil impossible. Le jour suivant, le capitaine et quelques autres personnes prirent la chaloupe et se rendirent à terre ; nous étions dans la baie de Bracadale. Ils ne revinrent que vers quatre heures de l’après-midi. Nous n’avions rien mangé depuis le départ ; pensant faire le voyage en quelques