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se trouva pris dans une de ces ouvertures pratiquées dans les cloisons des cabines pour y faire pénétrer la lumière du salon. Plus tard je découvris que la chute du mât de poupe avait couvert le pont de débris, et c’était là ce qui me retenait prisonnier. Au bout de quelques secondes, l’eau monta de nouveau et me couvrit une seconde fois. Ayant pu respirer dans l’intervalle, je restai sous l’eau sans me sentir suffoquer. J’avais déjà avalé une quantité considérable d’eau quand je réussis à mettre la tête au-dessus des vagues et éviter une prompte mort. Environ quinze minutes se passèrent ainsi. Tout était silencieux autour de moi. C’était le silence de la mort. Ceux qui avaient échappé à l’élément déchaîné se trouvaient sur le pont : les autres étaient dans l’éternité. Je serais resté dans cette situation jusqu’à ce que quelqu’un me portât secours, si une vague ne fût venue imprimer une violente secousse au bâtiment, et me délivrer de ma position périlleuse. Je fus précipité dans la cabine du capitaine Mason. Mais grâce à Dieu et à quelques efforts surhumains, je parvins à me placer sur un objet solide et assez élevé pour me permettre de respirer librement.

Je ne saurais dire combien de temps je restai là. J’étais d’une faiblesse extrême, et mes