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tant ils étaient maigres et affaiblis. Nous fûmes obligés de porter monsieur et madame Kempf sur le pont pour leur faire respirer l’air pur et vivifiant, et améliorer leur état de faiblesse. Mais, au bout d’une heure, ils furent obligés de descendre dans leurs cabines tant ils étaient épuisés. Quant à messieurs Cornu et Vernier, et moi-même, nous ne souffrions que peu ou point du mal de mer, et nous pûmes rester sur le pont.

Le capitaine avait fait réparer le bâtiment aussi bien qu’il le pouvait ; mais nous n’avions que trois voiles à notre disposition. Malgré cela, nous avancions assez rapidement, grâce à un vent favorable. Le 27 septembre, nous fûmes entourés d’un épais brouillard qui nous dérobait même la lumière du soleil. Le temps était froid, et nous restâmes dans nos cabines.

Le 28 arriva, jour mémorable et terrible pour nous tous. Le brouillard ne s’était pas encore dissipé. Le capitaine paraissait être profondément affligé, mais nous ne pouvions en savoir la raison. Vers deux heures de l’après-midi, la mer était calme ; un vent d’ouest s’éleva et fit bientôt disparaître la brume qui nous entourait. En jetant mes regards vers l’est, je découvris, quoiqu’avec peine, quelque chose qui ressemblait à une montagne. Je courus de suite avertir le capitaine qui, au