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veille, si même elle n’avait redoublé de fureur. L’anxiété était générale ; les vagues, semblables à des montagnes, venaient s’abattre sur le vaisseau et le couvraient entièrement. On aurait dit un léger esquif sur un lac en tourmente. Je montai sur le pont pour contempler ce spectacle tout nouveau pour moi, et grandiose et terrible à la fois. Je fus obligé de me cramponner de toutes mes forces à ce que je trouvais sous la main, pour ne pas être précipité dans l’abîme. Les vagues qui se brisaient à la proue menaçaient de nous faire sombrer, tant le navire s’emplissait d’eau. Le capitaine plaça des hommes aux pompes, et tout le temps que dura la tempête, ou fut obligé de les faire jouer avec l’aide des passagers. Personne n’osait monter sur le pont ; une telle témérité eut été payée de la vie. Pour nous garder de l’eau qui entrait dans les cabines par la fenêtre du pont, le capitaine fit placer un morceau de forte toile cirée sur lequel il fit clouer quelques planches. Nous ne pouvions nous défendre d’une certaine terreur en entendant le bruit sinistre que faisaient les vagues en se brisant contre les flancs du vaisseau. Tous les membres de la famille Kempf et monsieur van Buren étaient malades et aucun soulagement ne pouvait être apporté à leurs maux. À cause de la tempête, il était impossible même