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Cependant, malgré les soins empressés et les encouragements de monsieur Mason, notre capitaine, monsieur Vernier tombait quelquefois dans une sombre mélancolie au souvenir de son épouse et de ses enfants qu’il avait laissés au Canada. Rien ne pouvait le consoler dans de tels moments ; car il lui semblait qu’il ne les reverrait jamais, du moins sur cette terre, ce qui, malheureusement, ne devait être que trop vrai. Nous employions notre temps à admirer les beautés de la ville et de son magnifique port. Je n’essaierai pas de faire une description des lieux que nous visitâmes. Je ne pourrais le faire que d’une manière imparfaite, et j’allongerais inutilement mon récit. Tous les jours nous allions sur les quais voir comment avançaient les réparations au vaisseau. Elles furent faites avec tant de promptitude que le 9 septembre, nous dûmes retourner à bord du navire. Nous avions le cœur serré à l’idée de quitter la terre ferme, et d’affronter les dangers que présente à cette époque de l’année, une traversée en Amérique. Mais une fois à bord, nous oubliâmes les tristes pensées du départ dans la contemplation du paysage qui se déroulait à nos yeux pour s’enfuir bientôt.

Notre route était la même que la première fois. La mer était calme, et une bonne petite