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L’ATELIER D’INGRES.

grande, les figures presque demi-nature, les personnages moins nombreux, l’aspect du tableau très-sombre. J’ai vu depuis un dessin à la mine de plomb que M. Ingres avait donné à Girodet, et qui était évidemment l’idée première ou la copie de ce tableau.

Pourquoi était-il dans son atelier ? Qu’est-il devenu ? Je l’ignore, et ne l’ai jamais revu à aucune de ses expositions. Peut-être avait-il voulu y faire les mêmes retouches qu’à son prix de Rome.

Ceci est curieux.

Les artistes savent que, dans l’école de David, on peignait les ombres par glacis[1], laissant presque apparaître la toile.

M. Ingres, probablement sous l’influence de son professeur, ou peut-être par la tendance qu’on a malgré soi à faire comme ceux qui vous entourent, avait peint de cette façon ses premiers ouvrages.

Une étude plus approfondie des maîtres et de leur exécution lui fit changer en Italie cette manière de peindre, et il avait pris en une telle horreur les ombres transparentes, qu’il avait fait apporter de l’École des Beaux-Arts son prix de

  1. Ce que nous appelons glacis s’obtient avec des couleurs diaphanes, qui, mises sur un autre ton, tout en le laissant transparaître, lui donnent plus d’éclat. — Le mot frottis conviendrait mieux dans le cas que je viens d’indiquer.