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MADAME INGRES.

Son croquis terminé, il nous remercia et nous laissa tous dans l’admiration.

J’ai entendu, du reste, un mot d’Horace Vernet causant avec d’autres artistes :

« On prétend que je peins vite, leur disait–il ; si vous aviez vu, comme moi, lngres… ! Je ne suis qu’une tortue. »

On s’explique difficilement qu’avec cette rapidité d’exécution l’œuvre d’Ingres ne soit pas encore plus considérable ; mais il effaçait souvent, n’était jamais satisfait, pleurait comme un enfant devant sa toile, et peut–être cette facilité même lui faisait–elle recommencer ce dont il n’était pas content, sûr qu’il était de pouvoir, et bien vite, réparer le mal.

Et à ce propos, je me trouvais un jour à son atelier, où il m’avait fait venir pour je ne sais quel motif. Il travaillait au Saint Symphorien. Après quelques mots sur le sujet dont il voulait m’entretenir, il alla tout à coup prendre un dessin d’un de ses licteurs, le posa à terre, et à brûle-pourpoint me dit : « Regardez cela, comparez avec ce qui est dans le tableau, et dites–moi le mouvement qui vous plaît le mieux. »

La figure, dans le tableau, était faite, et je vis que le mouvement du dessin était un peu plus accentué. — Je me permis de lui dire, très–ému d’avoir une opinion à émettre, que la différence