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IV

UN DÎNER CHEZ MON PÈRE.


Depuis quelque temps, mon père désirait avoir à dîner M. Ingres, et il pensa qu’il rendrait la réunion plus intéressante en invitant aussi M. Thiers et M. Mignet, qui commençaient à se faire connaître, M. Thiers par ses critiques d’art, M. Mignet par ses succès à l’Académie des inscriptions.

Ces deux hommes, que je n’ai pas perdus de vue depuis ma jeunesse, sont restés pour moi, à un demi-siècle de distance, les mêmes que je les voyais autrefois[1].

M. Thiers, à trente ans, me paraissait tout aussi peu jeune que je le trouve à l’heure qu’il est, n’étaient ses cheveux blanchis, et un peu plus d’embonpoint, qui ne lui sied pas mal.

M. Mignet, au contraire, a toujours pour moi

  1. Ce chapitre était écrit en 1875 ; n’envisageant M. Thiers que comme critique d’art, je n’ai pas cru devoir y rien changer.