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CONCLUSION.

complétement, par contre, celle de coloriste. — Là encore, il se trompe. — Non que je veuille trouver en M. Ingres cette qualité au même point que chez ceux qui, pour l’obtenir (je parle des modernes), ne vont pas beaucoup plus loin qu’une ébauche ; cependant je dois dire que ses tableaux ont une gamme de tons sobres qui n’est pas de l’impuissance, mais plutôt la conséquence des autres grandes qualités de ses œuvres.

En France, une chose spirituellement dite a bientôt force de loi. On trouva dans l’anagramme du nom Ingres les mots : en gris. Dès lors M. Ingres a fait gris, le gris était sa couleur de prédilection, il faisait communier ses élèves avec du gris. — C’était amusant, spirituel, mais rien de plus. Il n’en est pas moins vrai que beaucoup de personnes sont encore persuadées de la vérité de cette critique, ou plutôt de cette boutade d’un homme d’esprit[1], qui n’en croyait pas un mot lui-même.

Je dirai plus : M. Ingres est arrivé souvent au charme de la couleur, car il était loin d’y être insensible, et j’en citerai pour preuves la Chapelle Sixtine et une Odalisque assise de dos sur le coin d’un lit, et dont la tête est en profil perdu.

  1. Laurent Jan.