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L’ATELIER D’INGRES.

Que n’ai-je à ma disposition tous les documents nécessaires ! Il serait bien curieux de voir les jugements que l’on portait sur un homme considéré aujourd’hui comme classique. Je puis au moins citer de souvenir cette phrase d’un article de M. de Kératry sur l’Odalisque dont je viens de parler : « C’est sans doute pour montrer à M. Ingres à quel point il s’est trompé, que l’on a placé dans le grand salon l’odalisque peinte par ce jeune homme. »

Ce même M. de Kératry, qui est resté dans ma mémoire comme le plus aimable et le plus spirituel vieillard, me disait un jour en me parlant de cette œuvre de mon maître : « Son odalisque a trois vertèbres de trop. »

Il avait peut-être raison. — Et après ? qui sait si ce n’est pas la longueur du torse qui lui donne cette forme serpentine saisissante au premier abord ? Dans des proportions exactes, aurait-elle un attrait aussi puissant ?

Son dessin, on le voit, était alors attaqué, comme ses tendances. C’est pourtant le mérite qu’on lui conteste le moins à présent ; mais ceux qui le lui accordent dans le public, et même dans le public éclairé, se doutent bien peu de ce que c’est que le dessin. On entend généralement par une chose bien dessinée une figure correcte ayant le nombre voulu de têtes (le