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CONCLUSION.

jeunes gens d’alors, le goût de choses fort méprisées à cette époque, et qui ont pris depuis une place, peut-être trop élevée, dans l’admiration. On a toujours attribué aux romantiques l’espèce résurrection du moyen âge ; avant qu’ils fussent nés, M. Ingres avait non-seulement représenté des sujets de ce temps-là, mais, pour les représenter, il avait même emprunté à l’art primitif une certaine raideur naïve qui ne manque pas de charme, et qui donne à ses tableaux, d’une science archéologique complète, cette couleur locale si en honneur dans la nouvelle école. Où peut-on la trouver observée avec plus de soin que dans son Entrée de Charles VII à Paris, dans sa Française de Rimini, dans son Henri IV jouant avec ses enfants ? Aussi, pour le public d’alors et pour les plus illustres critiques, c’étaient des pages enlevées à des missels. On en était encore aux troubadours de pendule et au gothique de l’Opéra-Comique… avant M. Perrin.

J’irai plus loin : les peintures japonaises qu’une jeune et nouvelle école croit avoir découvertes, M. Ingres les admirait il y a soixante ans ; la preuve en est dans le portrait de madame Rivière et dans l’Odalisque Pourtalès, dont les critiques disaient : « Cet ouvrage ressemble à ces dessins coloriés qui ornent quelquefois les manuscrits arabes ou indiens. »