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CONCLUSION.

Aussi, pendant que l’école de David brillait de son éclat le plus vif en ne cherchant le beau que dans l’antiquité et en ne laissant presque plus rien d’humain subsister dans son imitation adoucie de la nature, on peut juger de l’effet défavorable que produisirent les œuvres d’un homme qui venait protester contre tout ce qui enthousiasmait le public, et renverser les principes fondamentaux d’une école en si grande faveur.

Cet homme fit plus qu’étonner : on ne comprit pas. Il est difficile, en effet, de s’imaginer la différence complète qui existait, pour des yeux habitués à un autre point de vue de l’art, entre les œuvres de M. Ingres et celles de ses contemporains. Je ne crains pas d’affirmer que cet aspect de vérité produisait sur le public de ce temps-là l’effet que nous causent certaines œuvres de la jeune école actuelle, en admettant que de pareilles choses puissent se comparer.

J’ai dit que cette impression fut produite sur le public, car les artistes, naturellement, sans l’avouer peut-être, comprirent tout de suite. Quelques-uns furent effrayés, la plupart admirèrent sincèrement ; j’en pourrais citer des preuves nombreuses[1]. Aujourd’hui, les yeux s’y sont faits, on en a vu tant d’autres ! et M.  In-

  1. Lettres de Gérard.