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CANDIDATURE À L’ACADÉMIE.

noir ; mais il s’était fort comiquement ajusté deux énormes oreilles d’âne en papier, et portait au dos une pancarte sur laquelle on lisait :

Pour s’avoir pas déguisé.

Je ne lui rappelai pas ce souvenir d’autrefois. Je fus sérieux ; lui, tout à fait digne.

Après quelques mots sur le motif de ma visite :

« Mon cher ami, me dit-il, si j’ai un conseil à vous donner, c’est de ne rien négliger pour être placé sur la liste de la section ; voilà la chose importante.

— C’est précisément pour cela, Monsieur, que je viens solliciter de vous une indulgente bienveillance. »

Alors, me prenant la main, qu’il serra :

« Si cela dépend de moi… »

Je ne le laissai pas achever ; je le remerciai et pris congé de lui.

Je me rendis ensuite chez Brascassat, que je ne connaissais pas. Je trouvai un homme doux, poli, qui me dit peu de choses, et auquel je ne répondis presque rien.

Je n’avais pas compris à mon entrée l’air embarrassé qu’il me paraissait avoir ; je me l’expliquai au mouvement qui se fit dans son atelier, et en apercevant deux candidats, comme moi, que m’avaient cachés jusque-là des toiles sur leurs chevalets.