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LE JURY DES BEAUX-ARTS.

Si, du moins, il était possible de mettre dans ces jugements la plus stricte équité, si les juges pouvaient se flatter d’avoir à leur usage des balances si précises qu’elles pussent faire apprécier la différence qui existe entre le plus faible des tableaux reçus et le meilleur des refusés !… Mais non. Il y a là malheureusement une nuance impossible à percevoir ; il se commet donc nécessairement un manque de justice, dont on ne peut pas calculer la portée, et dont j’ai vu souvent la funeste influence.

Ainsi que M. Ingres, je crois donc le jury, à quelque point de vue qu’on se place, une chose fâcheuse, inutile, qui blesse sans profit un grand nombre de jeunes gens, et qui, loin de produire une exposition composée uniquement de beaux ouvrages, n’a jamais pu donner que des salons où la médiocrité dominait en très-grande majorité.

Quant aux motifs qui règlent les décisions du jury, comme ils ne peuvent être absolus, ce que je viens de prouver à l’instant, il faut nécessairement que chacun des jurés en ait un qui lui soit personnel.

Parmi les raisons que l’on met en avant pour expliquer une exclusion, il en est une que je vais citer parce qu’elle me paraît bien étrange : c’est l’infériorité d’un tableau, comparée, non pas au mérite de ceux qui sont reçus, ce qui serait juste,