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MAÎTRES ET ÉLÈVES.

Dès le premier moment, j’avais remarqué sa bonhomie charmante et sa franche et spirituelle gaieté. Depuis, j’ai pu apprécier les sérieuses qualités de son cœur. J’ai connu peu d’hommes d’un caractère si naïvement original, bon, dévoué, toujours content, ou du moins paraissant toujours l’être. Il travaille sans penser au succès, sans se soucier de l’opinion des autres. Ce sentiment, chez les artistes, est souvent affecté, mais alors facile à reconnaître ; chez Mottez, il est sincère à n’en pas douter.

Je pourrais lui dire pourquoi, avec tout son talent, parmi des œuvres souvent excellentes, il ne s’en est pas trouvé qui aient absolument frappé le public ; mais il me regarderait avec son gros rire, sans changer un iota à sa façon de faire. Je ne l’en considère pas moins comme celui des élèves de M. Ingres qui a su conserver, en quittant l’atelier, l’individualité la plus complète. Il a été lui. Bons ou mauvais, ses tableaux sont de lui, lui seul peut les signer : c’est un bien grand mérite, et bien rare.

Copieur enragé, il aurait pu composer un musée de ses admirables copies. Celles surtout qu’il a faites d’après les Vénitiens, sont des chefs-d’œuvre, et me confirment dans mon opinion sur l’inutilité de ce genre d’étude. Ses tableaux, dans une gamme argentine et claire, ne