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L’ATELIER D’INGRES.

journée se passait à parcourir les églises et les musées, plus tard à faire des croquis et des études d’après les maîtres. Quel plus charmant métier !

À ce propos, je dois signaler un fait qui indiquerait dans les habitudes du clergé italien une certaine désinvolture, même à l’endroit des choses sacrées, qui est loin d’exister dans le clergé de France. Je ne peux l’attribuer, pour le fait que je vais dire, qu’à un respect très-grand de l’art, et à l’orgueil bien placé que les ecclésiastiques italiens ont de leurs artistes.

Je faisais un jour un croquis dans une chapelle assez mal éclairée, et loin du tableau placé sur l’autel. Un abbé qui passait là me vit, s’approcha de moi, et, après quelques compliments sur mon dessin, s’aperçut que j’étais très-mal à l’aise et trop éloigné de mon modèle : aussitôt il enlève les chandeliers, le tabernacle, fait table rase de l’autel, met un vieux tapis dessus, et y plaçant une chaise : « Montez là, me dit-il ; vous serez beaucoup mieux. » Je fis ce qu’il me disait, mais avec un certain sentiment de discrétion, qu’il ne paraissait pas comprendre, et il me quitta très-étonné de mon embarras et de mes remercîments. Je finis par m’habituer à cette position, un peu