Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
L’ATELIER D’INGRES.

prend-on Apelles admettant la critique d’un cordonnier ? comme si Apelles ne savait pas mieux faire les souliers dans ses tableaux que pas un cordonnier d’Athènes ne les fabriquait ! Se figure-t-on Rubens demandant aux couturières de la cour si les jupes de ses grandes dames sont dans les règles de leur art ?… Et quand c’était une figure nue, une Vénus, qu’Apelles avait peinte, à qui s’en rapportait-il, puisqu’il était si avide de conseils ?

Il faut bien peu connaître les habitudes et le caractère des artistes pour croire qu’ils attachent la moindre importance à la critique… du moins pour l’utiliser. Quant à y être sensibles, c’est autre chose.

Je le répète : que d’obscurités dans mon esprit, qu’il me serait intéressant de voir éclaircir par un érudit qui ne rattacherait pas à nos usages, comme il arrive souvent, les usages des époques reculées ! Quoi qu’il en soit, ce qui nous reste est assez beau pour nous satisfaire et n’en pas demander davantage. Nous pourrions profiter des exemples que nous avons sous les yeux, et ne pas nous écarter au moins du précepte que les anciens suivaient peut-être inconsciemment, mais que certainement ils n’ont jamais discuté, à savoir que l’art ne doit être que la reproduction du beau, ou ne pas être.