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L’ATELIER D’INGRES.

N’y aurait-il pas eu souvent erreur par la faute des traducteurs d’ouvrages anciens concernant les arts ? Je lis dans Pausanias : « On y voit le tableau où Arcésilas a peint… » Or, le texte porte : « Arcésilas a peint, » ce qui est tout différent et indique une peinture murale.

J’aurais besoin de preuves certaines pour être convaincu que les peintres du temps de Périclès peignaient des tableaux, et ne se bornaient pas à décorer des murs. J’avoue que mon esprit se refuse à admettre de la part de ces hommes une telle barbarie.

Le tableau me paraît être une invention des époques de décadence, et par conséquent d’un goût douteux. Aussi les Romains avaient-ils des pinacothèques où ils rassemblaient par vanité des tableaux qu’ils faisaient venir de Grèce : Rome était un débouché, comme New-York à l’heure qu’il est ; mais, du temps des Éginètes, du temps de Phidias, le tableau proprement dit ne me paraît avoir ni son but ni sa place.

Les portiques que Pausanias a encore vus, et dont il décrit les peintures décoratives, devaient suffire, et Pompeï, quoique d’une époque de décadence, a pu me donner la conviction que le but des artistes était toujours, aux belles époques de l’art, d’orner, d’embellir l’intérieur d’un temple, d’une habitation particulière ; mais le ta-