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L’ATELIER D’INGRES.

à fait remarquables. J’ignore ce que tout cela est devenu : j’étais fort loin de Paris lorsqu’il mourut, et je n’appris sa mort que longtemps après ; sa femme retourna dans sa famille à elle, que je ne connaissais pas, et je n’en eus jamais de nouvelles.

Il ne me reste donc de ce pauvre ami que le souvenir d’une affection bien réelle, brisée comme tant d’autres.

C’est avec ces trois compagnons que je partis pour Naples, et, dussé-je paraître un peu contempteur du temps présent, je ne résiste pas à dire ce que c’était qu’un voyage en voiturin, cette chose passée, finie, que le progrès a fait disparaître, et qu’on ne reverra jamais.

Le voiturin se composait en général d’une vieille berline, avec cabriolet devant, ouvert sur l’intérieur, de deux chevaux et d’un conducteur. Le marché était fait d’avance en partie double et signé des deux contractants. Cette formalité remplie, le conducteur donnait cinq francs d’arrhes, ce qui ne me surprit pas peu la première fois, mais ce qui rendait peut-être le contrat plus obligatoire.

Vous aviez, par cet engagement écrit, droit au déjeuner, au dîner et au coucher, dans les meilleures auberges, bien entendu, des villes que vous deviez traverser ; mais, à vingt ans, dans