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DE ROME À NAPLES.

quis, les courses à travers les musées et les églises occupaient une grande partie de mes journées. Souvent j’accompagnais Édouard Bertin dans cette campagne de Rome qui n’a d’équivalent nulle part, et rien de supérieur en beauté ; et là, le laissant travailler, j’allais, pendant une heure, courir de tous côtés, me contentant d’admirer le ciel, les ruines d’aqueducs qui traversent la plaine immense, les lignes merveilleuses des montagnes d’Albano et de Tivoli ; et quand je revenais le trouver, je voyais achevé un de ces magnifiques dessins qu’il a été donné naguères au public de voir et d’admirer.

Cette existence me charmait, et le temps passa bien rapidement ; mais il n’était pas possible de prolonger notre séjour : le printemps allait finir, le soleil devenait brûlant, la malaria menaçait d’arriver bientôt avec son cortège de fièvres, et Bertin, n’osant plus travailler dans la campagne de Rome, m’annonça un jour qu’il allait s’installer à la Riccia. Je me décidai alors à quitter Rome aussi et à faire le voyage de Naples.

J’avais fait la connaissance, pendant l’hiver, de quelques élèves de M. Ingres entrés à l’atelier depuis que j’en étais sorti, et il fut bien vite convenu que nous frèterions un voiturin, et ferions ensemble le voyage.

C’étaient d’aimables jeunes gens, distingués,