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M. INGRES À ROME.

qui, en général, ne sont invités qu’un ou deux à la fois au dîner du dimanche, descendirent et firent nombre ; mais toujours des hommes ! et par conséquent le même aspect sinistre.

Alors commença cette fameuse soirée de l’Académie, qui se répétait tous les dimanches, et que je n’ai jamais vue varier pendant mon séjour à Rome.

Ambroise Thomas se dirigeait vers le piano. Chacun s’asseyait en silence, M. Ingres au milieu du salon, la tête haute et s’apprêtant à écouter. Alors le silence était complet. Malheur à celui dont la chaise craquait, et certaines chaises en paille de l’Académie étaient sujettes à ces craquements ! M. Ingres se retournait furieux du côté du bruit ; bientôt, l’inquiétude même qu’on éprouvait vous empêchant de prendre une assiette assez solide, le bruit recommençait, et aussi le regard irrité de M. Ingres.

Mais la sonate de Mozart était terminée, et Thomas, échappant à tous les applaudissements, allait se cacher dans un coin, auprès de Flandrin. Certes il pouvait les recevoir, ces applaudissements bien mérités et bien sincères.

D’autres artistes lui succédaient, jouant toujours de la musique vertueuse, comme M. Ingres appelait celle de Mozart, de Beethoven et de Gluck.