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L’ATELIER D’INGRES.

respondance. Un jour, on lui annonça que sa fiancée allait partir pour Rome, et qu’il eût à l’attendre. La date était précise. M. Ingres alla au-devant d’elle jusqu’au tombeau de Néron, et là, il vit descendre d’un voiturin la femme qui allait être la sienne. « Et qui a tenu, ajouta-t-il en la regardant, toutes les promesses de son ami, et au delà. »

Ce petit récit, fait par M. Ingres avec une bonhomie charmante, madame Ingres l’écoutant comme une chose toute naturelle, nous parut tout à fait intéressant, et nous ne pûmes que les féliciter bien vivement.

La conversation prit un autre tour ; on parla des merveilles de Rome, des chefs-d’œuvre qui nous entouraient.

« Vous les connaissez tous déjà sans doute, Messieurs, nous dit M. Ingres ; moi, je n’ai encore rien revu. Les tracas d’une installation… Pourtant j’ai été faire ma prière… je n’ai pas besoin de vous dire où… Ah ! Messieurs, c’est plus beau que jamais. Plus je vois cet homme, plus j’y découvre de beautés. Nourrissez-vous-en, Messieurs, prenez-en tout ce que vous pourrez prendre… C’est la manne tombée du ciel, celle qui vous nourrira, vous fortifiera… »

Quand M. Ingres s’animait ainsi en parlant des maîtres, ses yeux brillaient d’un éclat extra-